Qui sont les bons et les méchants dans la guerre de Syrie ?

Blog de Principia Marsupia, publié le 6 mai 2013

Rebelles syriens en position à Alep, Syrie, octobre 2012 © Freedom House / Flickr-cc

Rebelles syriens en position à Alep, Syrie, octobre 2012 © Freedom House / Flickr-cc

Après avoir voyagé en Syrie cet hiver, et après voir écrit ce que j’ai trouvé là-bas, j’ai reçu insultes et menaces de toutes parts.

Certains m’accusent d’ « impérialisme à la solde des USA ». Pour d’autres, je suis un « laquais d’Al-Assad et du régime iranien ». Et pour fermer le cercle impossible, j’ai été taxé par un troisième groupe d’être un « lâche au milieu des deux factions ».

La simplicité avec laquelle s’analyse le conflit en Syrie m’attriste beaucoup. C’est pour cela que j’ai décidé d’écrire cet article que je diviserai en deux parties :

A) Notes pour ceux qui soutiennent Al-Assad. Et B) Notes pour ceux qui soutiennent les « rebelles ».

A) Quelques notes pour ceux qui soutiennent Al-Assad.

1) Bashar Al -Assad est un dictateur. Bashar est le successeur de son père, Hafez, un militaire qui est arrivé au pouvoir après le coup d’Etat de 1966 et la purge de 1970.

Le 2 février 1982, les Frères Musulmans se sont soulevés contre le régime d’Hafez Al-Assad à Hama. Hafez a bombardé la ville durant 27 jours consécutifs. Environ 20.000 personnes sont mortes, la majorité étant des civils. Hafez Al-Assad a réussi à maintenir le pouvoir qu’il a ensuite cédé à son fils Bashar par l’intermédiaire d’un « référendum » durant lequel il n’y avait pas d’autres candidat, et qu’il a « gagné » avec 97% des suffrages.

2) Bien avant le début de la guerre, les organisations internationales des Droits de l’Homme dénonçaient déjà les abus terribles de Bashar Al-Assad. Par exemple, la détention de centaines d’opposants politiques et le cas des 17.000 disparus depuis les années 1970 desquels on n’a jamais plus rien su. Ici vous pouvez lire les rapports d’Amnesty International sur la Syrie en 2007 et 2008 (plusieurs années avant que le conflit n’éclate).

3) Depuis le début du conflit armé en mars 2011, les troupes de Bashar Al-Assad ont commis de nombreux crimes contre leur propre population :

  • Usage de bombes en grappe. L’armée syrienne a utilisé les bombes en grappe RBK-250/275 et RBK-500 à Tamanea, Taftanaz, Al-Tah, Maarat al-Numan, Tel Rifaat, Deir al-Assafeer, Salkeen, Kfar Takharim, Talbiseh, Rastan, Qusayr, al-Bab.

  • Bombardement d’hôpitaux. Par exemple l’Hôpital Dar al Shifa d’Alep le 21 novembre 2012 ou l’Hôpital de Salma le 15 octobre 2012.

  • Bombardement aérien sur des populations civiles. Durant le temps que j’étais à Alep, les bombardements aériens sur les quartiers de civils étaient une routine quotidienne terrifiante. Je vous recommande de lire ce rapport d’Human Rights Watch où est étudié avec détails une trentaine d’attaques aériennes sur des zones civiles.

  • Tortures et exécutions extrajudiciaires. Depuis le début des protestations, des milliers d’opposants ont été détenus, torturés et exécutés dans un réseau de centres de détention contrôlé par les quatre agences d’intelligence du gouvernement syrien : le Département de l’Intelligence Militaire, la Direction de la Sécurité Politique, la Direction Générale de l’Intelligence, et la Direction de l’Intelligence des Forces Aériennes.

  • Assassinats et enlèvements de journalistes. Des douzaines de journalistes sont morts en Syrie entre les mains des troupes gouvernementales. Certains étaient des correspondants de guerre étrangers très connus (Marie Colvin, Mika Yanamoto, Remi Ochlik, Yves Debay), mais la majorité était des journalistes syriens. Beaucoup d’autres continuent d’être séquestrés. Nous, nous restons sans nouvelles depuis 165 jours de notre ami James.

  • Lancement de missiles balistiques contre les villes. Al Assad a lancé des missiles SCUD contre ses propres villes. Pour vous faire une idée de la taille d’un SCUD, regardez cette photo. Dans la nuit du 18 février 2013n un SCUD est tombé sur le quartier résidentiel de Jabal Badro à Alep. Au moins 47 personnes sont mortes, parmi lesquelles se trouvaient 23 enfants. Pour vous faire une idée de la destruction causée par un SCUD, regardez cette autre photo prise le matin suivant.

B) Quelques notes pour ceux qui soutiennent les rebelles.

1) Le terme de « rebelles » n’a aucun sens. L’opposition armée au régime de Bashar Al-Assad est formée de groupes très différents et avec des objectifs distincts :

2) Bien qu’elle ne possède pas la capacité militaire d’Assad (ils n’ont pas d’avions, de tanks, ni de missiles balistiques), l’opposition a aussi commis de nombreuses atrocités durant la guerre :

3) La révolution syrienne a été initiée par des activistes qui réclamaient démocratie, liberté d’expression, et respect des Droits de l’Homme. Malheureusement, les islamistes radicaux ont eu une position à chaque fois plus proéminente dans la lutte contre Al-Assad.

Les groupes djihadistes sont entrain d’être les plus efficaces dans les combats : ils possèdent des guerrilleros ayant une grande expérience (quelques uns ont combattu en Libye et en Irak), ils sont les mieux organisés et, littéralement, ils n’ont pas peur de mourir.

Depuis que je suis revenu d’Alep, j’ai parlé avec quelques syriens qui ont soutenu la révolution à ses débuts mais qui maintenant sont très effrayés par la dérive islamiste.

4) Si Al-Assad finit par tomber, de sérieuses possibilités existent pour que commence une guerre civile entre les vainqueurs. De plus, que se passera t-il avec la minorité alaouite (à laquelle appartient Al-Assad) ? Après plus de 100.000 morts, comment éviter les revanches et les vendettas ?

**********

En Syrie j’ai rencontré les personnes les plus courageuses que j’ai connues : des jeunes prêts à mettre leur vie en péril pour nous, des mères qui s’entêtaient à nous inviter à manger alors qu’elles avaient à peine de quoi pour elles. Quelques uns ne sont déjà plus là. D’autres continuent de vivre, mais souffrent de froid, de faim et pleurent ceux qu’ils ont perdu.

C’est pour cela que ça me fait grande peine que les réactions aux nouvelles sur la Syrie (lisez les commentaires dans n’importe quel journal espagnol) terminent toujours en insultes et en idées stupides préconçues.

Traduction de l’espagnol par Jacquemart Guillaume.

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Bolivie – Le Tinku, rituel guerrier en l’honneur de la Pachamama

 

Le Tinku est une cérémonie millénaire, qui a lieu dans la région andine de Bolivie (actuellement dans les départements de Potosí et Oruro). Le mot «Tinku» veut dire « rencontre » en Quechua (langue autochtone descendante de la civilisation Inca, parlée en Bolivie), et signifie « attaque physique » en Aymara (langue descendante de la civilisation Tiahuanaco). À cette époque, le royaume de Qaraqara prospérait dans cette partie de la Bolivie. Les guerriers Qaraqara étaient très connus et redoutés pour leurs pratique de guerre, et lorsqu’une personne importante arrivait dans ce royaume, une démonstration de techniques de guerre était organisée.

 

Macha était la ville la plus peuplée de la région à cette époque, et tout porte à penser que c’est là-bas que le rituel du Tinku a commencé, car les guerriers s’y retrouvaient pour réaliser des démonstrations de guerre. Lorsque l’empire Inca colonisa cette région, l’empereur souhaita que ses gardes personnels soient des guerriers Qaraqara. Un combat était alors organisé et les gagnants devenaient les gardes de l’empereur Inca.

Au fil du temps, la démonstration de technique de guerre est aussi devenue une cérémonie religieuse, dont l’objectif était d’offrir le sang des hommes à la Terre Mère ou Pachamama, afin que la récolte soit bonne. La communauté qui gagnait la bataille dominait la région pendant toute une année. Le Haut Plateau des Andes est aride et l’eau y est rare, c’est pourquoi les différentes communautés se battaient continuellement pour avoir accès au fleuve afin de pouvoir maximiser leurs récoltes et s’approvisionner en eau. La communauté qui gagnait la bataille lors du rituel du Tinku, avait accès au fleuve pendant toute une année.

Ce conflit pour l’accès au fleuve, ou la domination de la région sur les autres communautés, a provoqué nombre de morts et laissé pour orphelins de nombreux enfants, dont fait partie Francisco Chocamani, qui nous a raconté son histoire. Il nous a expliqué qu’à l’arrivée au pouvoir de Evo Morales Ayma, un projet de sensibilisation fut organisé, en 2008, pour arrêter cette guerre entre les communautés. Le président étant d’origine indigène, il souhaitait que les peuples indigènes de Bolivie se comportent en frères et non en ennemis. Les représentants de chaque communauté de la région ont été réunis dans la ville de Cochabamba, dans une autre région du pays. Là-bas, ils participèrent à un stage de sensibilisation, afin qu’ils transmettent à leur clan respective le message du gouvernement pour la paix entre les différents clans. Le défi le plus difficile à relever aujourd’hui, comme nous l’expliqua Francisco, c’est de convaincre les orphelins de ne pas venger la mort de leurs parents.

Evolution du rituel du Tinku:

Aujourd’hui, la fête du 3 mai durant laquelle se déroule le rituel du Tinku, est la fête catholique du «Seigneur de la Croix». Les espagnols ont ainsi introduit un élément extérieur à cette cérémonie, qui n’échappa pas au syncrétisme religieux, omniprésent en Amérique latine. Ce jour-là, Jésus est habillé avec des vêtements traditionnels de la région et est équipé d’un fouet, symbole de l’autorité autochtone.

Depuis quelques années, la cérémonie est devenue touristique et la police est présente lors des affrontements, pour éviter qu’il y ait des morts. Pourtant, s’il n’y a pas de morts, les clans considèrent que la récolte de l’année ne sera pas bonne, car l’offrande à la Pachamama n’est pas assez importante. C’est donc une bataille aussi entre la vision occidentale du respect des Droits de l’Homme et la cosmovision andine de l’échange, entre la Terre Mère et les hommes. L’usage de lance-pierre et de fouet n’est plus autorisé de nos jours, et est puni par une amende. Cependant, les communautés qui pratiquent le Tinku dans des endroits reculés ne sont pas contrôlées par la police et il est fort probable que certaines cérémonies se déroulent encore avec les armes traditionnelles.

Depuis quelques années, la danse du Tinku est devenue à la mode, et elle est dansée lors des grands défilés urbains et au carnaval de Oruro. Ce ne sont pas des personnes appartenant aux communautés qui y défilent, mais des jeunes gens des classes moyennes urbaines. Ces défilés sont accompagnés d’orchestre avec des instruments en bronze et non les instruments du Tinku, qui sont le charango, une toute petite guitare andine, et des instruments à vent en bois.

Le Tinku actuel :

De nos jours, le rituel du Tinku se déroule le 2 et le 3 mai de chaque année. Les différents clans qui participent à la cérémonie se rendent à pied à Macha, ville où se déroule la plus grande cérémonie du Tinku. Comme le Tinku est pratiqué dans le sud du département de Oruro et le Nord de celui de Potosí, certaines communautés se retrouvent dans d’autres endroits que Macha, à cause de la distance mais aussi parce que les participants n’apprécient pas la présence de personnes extérieures aux clans lors de la cérémonie, qu’ils soient boliviens ou étrangers.

Les participants se réunissent le 2 mai au soir, et tous les clans se retrouvent pour danser ensemble et festoyer en buvant de l’alcool de maïs, appelé chicha. Chaque groupe défile et exécute des danses, et les festivités durent toute la nuit. Les hommes jouent la musique traditionnelle de cet évènement et les femmes chantent en Quechua dans des tons très aigus.

Les affrontements commencent le lendemain, le 3 mai, et les hommes et les femmes y participent. Les luttent se font entre deux personnes, corps à corps. Les femmes incitent à la bataille et s’occupent également des blessés, lorsqu’elles ne se battent pas. Pendant la nuit qui suit les affrontements, les participants lavent toute la place, qui est propre et vide le lendemain matin.

Le Tinku est donc un bien petit mot qui regroupe d’une part une cérémonie millénaire de démonstration de force et d’offrande à la Pachamama, d’autre part un conflit de pouvoir entre les communautés de la région, mais aussi une expression du syncrétisme religieux et culturelle en Bolivie.

Sources :

http://www.tinkus.net

http://www.pieb.org/tinkuoruro/articulos.htm

Interview de Francisco Chocamani, habitant de la région de Challapata, une des communautés qui participent au Tinku.

Marine Faillettaz

 

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Oligarchie à la dunkerquoise

Situation 1

En parcourant avec intérêt un des ouvrages d’Hervé Kempf, L’Oligarchie ça suffit, vive la Démocratie, je tombe sur la définition suivante : « l’oligarchie, ce n’est pas la dictature, c’est le gouvernement par le petit nombre des puissants. Entre EUX, ils discutent,réfléchissent, s’opposent rivalisent. Ils font « démocratie », mais entre eux, sans le peuple. Et quand la décision est prise, elle s’impose, même si l’on mettra les formes en l’habillant avec un art consommé la procédure électorale et la discussion publique » (p.35)

Je pose mon livre, lève la tête et voit, posé sur un coin de mon bureau la brochure de la Communauté Urbaine de Dunkerque sur l’Arena, imprimée sur papier glacé, dorée et blanche, pure, belle, resplendissante.

En une fraction de seconde la connexion se fait. Eux ce sont les élus communautaires, les décideurs, les banquiers, les multinationales. Ils décident pour nous de ce qui est bon : une salle de sport de 10.000 places à 250 millions d’euros. La décision est prise, on se frotte les mains, on sabre le champagne.

Mais l’un d’entre eux ose émettre un soupçon : les citoyens en temps de crise ne l’accepteront jamais.

Rires de l’assemblée.

Bien sûr que si, ils l’accepteront ! Sans sourciller même ! On va leur dire que le débat public a déjà eu lieu, et qu’une enquête publique va leur permettre d’accepter que tout çà est bon pour eux (encore faudrait-il qu’ils en comprennent le contenu). Ils n’iront pas creuser le dossier, ils sont trop cons ma foi.

Rires de l’assemblée.

Allez, arrêtons de nous préoccuper pour rien, reprenons du champagne, la nuit sera longue.

Situation 2

Au volant de mon automobile, j’écoute attentivement les infos matinales. FLASH INFO – « Aussi surprenant que cela puisse paraître, les brésiliens manifestent en masse contre LEUR Coupe du Monde qui va avoir lieu en 2014, plusieurs milliers de manifestants ont investi les rues des différentes villes brésiliennes… »

Je coupe.

J’arrive chez moi, allume l’ordinateur et découvre sur internet l’ampleur du mouvement de manifestation au Brésil. Aussi objectifs qui puissent être les informations (LOL) je comprends mieux après une courte recherche ce qu’il se passe là-bas : les brésiliens sont exaspérés par leur gouvernement, qui préfère investir en masse dans des évènements sportifs mondiaux que dans l’éducation, les transports publics, la santé, le social, etc.

Connexion.

Tiens, chez eux aussi, la démocratie se fait en cercles restreints. Et puis, apparemment chez eux aussi on pense que le sport va contenter et faire plaisir à tout le monde. Ou les détourner des véritables problèmes qui gangrènent le pays.

Merde.

Pourquoi les dunkerquois ne s’inspirent pas des brésiliens ? On n’a les mêmes raisons qu’eux de se révolter. Un taux de chômage élevé, des transports publics trop chers, un cadre de vie dégradé, une industrie en déclin, des projets qui saccagent le peu d’environnement qui nous reste…

J’en passe.

Si nos concitoyens ne chahutent pas nos élus communautaires sur le sujet de l’ARENA, c’est que 1) très peu connaissent réellement le dossier 2) tout le monde pense que le débat public a vraiment eu lieu. Faites le test : demandez autour de vous qui connaît le projet ARENA…

Ce n’est pas la concertation qui retarde le processus décisionnel, mais plutôt son absence ou sa défaillance. Certains devraient prendre cela en compte.

Mais j’oubliais, Dunkerque est dirigée par une oligarchie.

Guillaume Jacquemart

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Classé dans Démocratie / Democracia, Voix citoyennes / Voces ciudadanas

« Nos no vamos, nos echan » –  »Nous ne partons pas, ils nous foutent dehors »

Hier, dimanche 7 avril, une manifestation mondiale est passée totalement inaperçue dans nos médias français, trop occupés à nous parler de moralisation de la vie politique.

Des milliers de jeunes actifs espagnols qui ont émigré, mais aussi ceux qui ont décidé de rester en Espagne ont manifesté contre la précarité, le chômage, la pauvreté qui les touchent depuis quelques années. Leur mot d’ordre est simple : ils ne sont pas partis de leur plein gré, on les a foutus dehors.

Qui ça ? Les politiques, qui à coups de coupures budgétaires et d’austérité généralisé, ne permettent plus d’assurer un avenir décent à cette génération sacrifiée.

Cette jeunesse indignée est loin d’être résignée, et on voit que contrairement à la France, le mouvement des indignados espagnols est encore très actif, bientôt deux ans après les grandes manifestations qui ont vu la naissance du mouvement du 15M.

Nous allons ici transmettre leur vidéo d’appel à la mobilisation, et nous vous proposons une traduction du texte de la vidéo qui résume la situation:

Des milliers de jeunes se voient forcer d’émigrer à cause d’une crise qui a ses responsables. Chaque réforme du travail nous pousse à choisir entre le chômage, la précarité ou l’exil. Les coupures budgétaires dans les services publics, la santé, l’éducation, nous mettent aussi dehors.

Quand ils nous obligent à choisir entre la précarité comme mode de vie, ou sauter dans le vide, ils nous séparent de nos êtres chers et ils nous condamnent à une vie de nomade.

Pour la génération de nos parents, il n’était pas nécessaire de connaître l’anglais pour comprendre les paroles chantées par Bob Dylan. L’espérance se transmettait, les temps étaient entrain de changer.

Un message différent a été imposé à notre génération. On insiste pour nous faire croire que c’est à notre tour de vivre des temps difficiles, et qu’il n’y a pas d’autres alternatives possibles, que seulement nous pouvons accepter ce qui vient, sans nous plaindre.

Mais nous savons que nous pouvons changer cela. Récupérons l’espérance pour reconquérir notre futur. Récupérons nos vies, celles de Madrid, de Londres, de Buenos Aires, de Berlin, de San Francisco.

Le 7 avril les temps vont changer. Nous allons les combattre de toutes parts. Nous ne partons pas, ils nous foutent dehors.

Pour plus d’infos voir le site (en espagnol) : http://www.nonosvamosnosechan.net/

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Classé dans Société / Sociedad

La fin arrive. La nécessaire construction d’un Nouveau Monde

Ricardo Natalichio, La fin arrive. La nécessaire construction d’un Nouveau Monde, Ecoportal.net, 3 avril 2013 

Le monde tel que nous le connaissons arrive à sa fin. Quelques années en plus, quelques années en moins, s’il y a quelque chose qui est clair pour tout le monde c’est que le navire dans lequel l’humanité est embarqué, prend l’eau de toutes parts, il est recouvert de trous et il coulera irrémédiablement tôt ou tard. Ce bateau va couler parce qu’il ne supporte pas le poids des armes, de l’or, des voitures ; ni des inégalités et les injustices avec lesquels il a été construit. Mais il reste une opportunité.

La organisation de la société actuelle

La société dans laquelle nous vivons a été pensée et organisée par et pour ceux qui ont de l’argent et du pouvoir. Pratiquement tout ce qui nous entoure, au-delà même l’idée originale qui l’a formée, est passé par le tamis mercantiliste. Presque tout a été, avant d’arriver entre nos mains, converti en un produit qui rapporte le plus grand bénéfice possible à qui l’a fabriqué, ceci étant l’objectif principal.

Pour obtenir la plus grand bénéfice possible, il est presque sûr que le prix des matériaux utilisés a été baissé pour pouvoir le faire, les employés qui ont participé à sa production ont été payés le minimum possible, en augmentant parallèlement au maximum leur journée de travail. Dans beaucoup de cas la durabilité de l’objet a aussi été baissée, pour que nous soyons obligés de le remplacer en achetant un autre en peu de temps, et bien sûr des professionnels ont été engagés pour le convertir esthétiquement en un produit agréable à notre goût et plus encore, beaucoup d’argent a été investi pour générer en nous le désir de l’acheter.

Comme si tout cela n’était pas suffisant, dans la majorité des cas on a ignoré, ou tout au moins on a réduit au minimum possible dans la législation, l’attention portée sur l’impact environnemental généré par la production et le transport depuis sont lieu de fabrication jusqu’à sa destination finale. Et sa réutilisation n’a pas été prise en compte, ni ses possibilités de recyclage, ni la responsabilité du fabricant quand le produit devient désuet.

La colonisation de notre esprit

Pour que toutes les personnes qui vivent dans cette société qui a globalisé la consommation, soient utiles, obéissantes et passent leurs vies à essayer de subvenir aux désirs qu’on leur inculque depuis petit et que nous devons avoir ; pour que nous ayons l’argent et ce qui peut être acheté avec lui, devenant par la même occasion un objectif primordial dans nos vies, notre esprit est colonisé depuis le plus jeune âge.

Génération après génération, la colonisation de l’esprit des enfants devient plus simple, puisqu’on peut compter pour ce travail sur le soutien de tous les adultes dont les esprits se trouvent déjà remplis d’idées, de désirs et de peurs inculqués. Parents et professeurs se convertissent ainsi en complices du système, en le maintenant vivant une génération en plus, et puis une autre, et encore une autre. Nous convertissons nos enfants en de futurs maillons qui pourront s’adapter le mieux possible au système pour que nous soyons tranquilles et pour chasser nos craintes de les rendre différents,  »inadaptés ».

La conduite de notre psychologie se réalise essentiellement à travers deux points clés : nous générer des désirs (de consommer des choses ou des services) et s’insuffler des peurs (de la crise économique, des politiques, des invasions, des guerres, de la solitude, de l’abandon, etc). Notre esprit est inondé de tout cela chaque jour.

Nous vivons coincés entre les peurs et les désirs, qui ne sont même pas les vrais, ceux surgis depuis notre intérieur, depuis notre Être, sinon ceux qu’on nous fait parvenir depuis l’extérieur et que nous convertissons comme étant les nôtres. Dans toutes les décisions que nous prenons, ces peurs et ces désirs inculqués, jouent un rôle fondamental.

Nous croyons que nous sommes libres de choisir librement, parce que cela est l’illusion que l’on nous a créée. Mais nous choisissons ce que la société et la publicité nous disent ce que nous devons utiliser pour être acceptés, ce qui doit nous plaire, ce que nous devons acheter pour être heureux. Parce qu’en réalité, en général nous ne savons même pas ce que nous voulons, ce qui réellement nous plairait.

Peu de gens savent ce qu’ils veulent, et beaucoup moins peuvent choisir de le faire et de dédier leur temps à ce que réellement ils aimeraient faire et qui à la fois leur permettent d’obtenir les revenus économiques suffisants pour couvrir leurs besoins. Parce que c’est ainsi que tout est organisé, pour que les idéaux que nous avons en nous meurent petit à petit, pour que que nos véritables désirs, nos illusions, se heurtent encore et toujours contre la réalité et que peu à peu nous les laissons de côté, en les supplantant, en les oubliant, jusqu’à les haïr. Pour que nous soyons un maillon de plus dans une machine, dans un système. Sans questionnements, sans rêves ni désirs propres, remplis de peurs. Pour que nous ne prenions pas le temps de regarder ce que nous sommes réellement, ce que nous désirons vraiment. Pour que si nous n’arrivons pas à nous  »adapter » aux règles de ce système, nous ayons le sentiment qu’il y a quelque chose en nous qui ne tourne pas rond, que nous sommes ceux qui se trompent.

La peur nous convertit en des êtres individualistes, égoïstes. Elle nous rend mesquins, peu solidaires. Et ces désirs implantés en nous, nous provoquent seulement de la souffrance. Parce que ces désirs passent par trois stades. Ne pas pouvoir les satisfaire, la peur de perdre ce que nous arrivons à avoir les peu de fois que nous les obtenons et les avoir perdus.

Ce navire coulera, il nous faut seulement en construire un nouveau

Le monde tel que nous le connaissons est entrain d’arriver à sa fin. Quelques années en plus, quelques années en moins, s’il y a quelque chose qui est clair pour tout le monde c’est que le navire dans lequel l’humanité est embarqué, prend l’eau de toutes parts, il est recouvert de trous et il coulera irrémédiablement tôt ou tard.

Toute solution possible qui proviendra des mêmes personnes qui se trouvent être les bénéficiaires de ce système sera indéfectiblement une rustine pour maintenir à flot un peu plus longtemps le navire, pour faire durer et augmenter encore plus son bien être. L’unique solution soutenable, l’unique possibilité que nous ayons d’un véritable changement, devra surgir de nous-mêmes.

En éclaircissant ces deux questions, il nous reste à nous mettre à penser si réellement nous pouvons faire quelque chose à ce sujet, ou si simplement c’est une illusion de plus. La décision à prendre sur cela est en chacun de nous, c’est une affaire personnelle. Mais aujourd’hui elle se trouve totalement influencée par les peurs et les désirs qu’on nous a inculqués depuis tout petit. Nous ne sommes pas réellement libres de choisir, parce que nous ne sommes pas vraiment libres de penser. Notre esprit est attaché par des fils invisibles qui ne lui permettent pas de lever le voile sur ce qui se trouve au-delà de ces fils.

Libérer notre esprit, couper ces fils, est l’unique forme de pouvoir décider librement. Mais nous nous trouvons avec le problème suivant : ces fils sont invisibles. Nous ne pouvons pas simplement les chercher et les couper, parce que nous ne les voyons pas. Ainsi comme dans l’amour, dans le véritable amour tel qu’il a été décrit par Platon, ce qui nous lie à ce que nous aimons, sont des fils imperceptibles pour les cinq sens, et pour les trouver, nous devons les sentir.

La société dans laquelle nous vivons, tel que nous la connaissons, continuera dans cette voie jusqu’à son autodestruction, ce navire coulera de manière inévitable car il s’est heurté aux lois de la nature, celles qui ne peuvent se modifier, ni s’annuler dans les congrès, ni dans les salons présidentiels, encore moins dans les conclaves du pouvoir économique.

Il y a bien une autre opportunité, qui est de créer un nouveau navire. Refonder l’humanité sur des structures nouvelles, totalement différentes. Mais pour le faire, nous devrons changer chacun de nous, nous devons être capables de couper ces fils, de redessiner les structures qu’on nous a enseignées, et de ne plus suivre les formes telles que nous les connaissons. Ouvrir notre esprit, essentiellement notre cœur, pour sentir ces fils que nous arrêtent et que nous pouvons couper, pour que notre esprit soit libre et parte à la recherche de nouveaux chemins. Pour pouvoir transmettre à nos enfants, aux prochaines générations, les graves erreurs que nous avons commises et que nous continuons à commettre, beaucoup plus que de survaloriser nos petites réussites.

Si nous ne pouvons pas nous libérer de ces peurs et de ces désirs, de ces liens, nous coulerons avec le navire. Les bons et les mauvais, les riches et les pauvres, les politiques et les artisans.

L’humanité pourrait retourner à son avantage cette grande crise, il ne lui manque ni d’outils, ni de matériels, ni de ressources pour le faire. Elle n’a pas besoin de plus grandes connaissances scientifiques, ni d’avancées technologiques. Il n’est pas nécessaire de découvrir quelque chose de nouveau, de miraculeux qui nous sauve. Ce navire va couler parce qu’il ne supporte pas le poids des armes, de l’or, des automobiles, ni des inégalités et des injustices avec lesquels il a été construit. Mais notre cœur pourrait couper les fils, qui empêchent à notre esprit d’en construire un nouveau. Les plans existent pour le construire, c’est juste que jusqu’à maintenant, nous n’avons pas su où ni comment les chercher.

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ARENA de Dunkerque : du pain et des jeux.

Michel à la barre

En place, bien installé, à la tête de la mairie de Dunkerque depuis plus de 25 ans, Président de la Communauté Urbaine de Dunkerque depuis 1995, Michel Delebarre règne en maître sur l’agglomération dunkerquoise. Et rien ne le fait vaciller. Quelques turbulents, par-ci par-là, qu’on achète avec une petite friandise, mais rien de bien méchant qui remettrait en cause sa gestion de la cité de Jean Bart.

Si on fait quelques recherches sur le personnage sur internet, on tombe sur cet article de Libération, datant de 1998 qui permet de se rendre compte que si le melon est la spécialité de Cavaillac, il aurait pu devenir aussi celle de Dunkerque :

«Je suis un homme à faire prendre des mayonnaises, un homme à fabriquer du consensus, à fabriquer du socialiste». Tout de même, Michel Delebarre jette un oeil sur l’élastique de ses chaussettes: «Alors là je me fais des chevilles. Allez, vous traduirez tout ça en termes acceptables». Traduction: Michel Delebarre ne doute de rien, et surtout pas de lui1.

Par ailleurs, lors de cet entretien avec Libération, Delebarre se présentait comme «un homme de crise» plutôt «qu’un homme de temps calme». C’était en 1998. Dix ans plus tard Dunkerque, comme tout le reste de l’Europe, se retrouve confrontée à une crise financière et économique sans équivalent. Mais heureusement, Capt’ain Delebarre est là pour éviter que le bateau coule.

On attend alors de lui, vu son expérience, une réaction réfléchie et pleine de bon sens. Et vous savez quelle est sa solution pour que Dunkerque soit un « territoire qui continue de bouger, qui contre vents et marées, continue de gagner« 2? Une salle de sport et de spectacle. Non vous ne rêvez pas, la crise, elle se combat avec un spectacle d’Holyday on Ice, et un match de basketball.

Panem et circenses

Son coût ? 113 millions d’euros à la construction et 185 millions d’euros sur 27 ans pour le groupe VINCI (merci le Partenariat Public Privé). Financé par les impôts des dunkerquois, ce projet représente 1500 € par habitant soit 6000 € pour un couple avec 2 enfants. Cela Capt’ain Delebarre ne l’évoque pas dans son blog.

En ces temps de crise, il est nécessaire que les citoyens se questionnent sur les bonnes et les mauvaises dépenses de l’État comme des collectivités locales. Car les répercussions économiques se feront ressentir directement sur le porte-monnaie des citoyens. Ainsi le contrat de Partenariat Public Privé signé entre Vinci et la CUD devrait être rendu public, pour qu’il puisse être décortiqué, analysé par des citoyens conscients des enjeux financiers. Car qui sait aujourd’hui par exemple, que le projet est hors-bilan comptable ? Et que l’engagement financier de la CUD est en vérité de la dette-cachée ? C’est dans un rapport de Standars & Poors3 qu’on trouve l’information. Vive la transparence financière de la CUD.

Monsieur Delebarre sait que les élections municipales approchent, et qu’il faut s’attirer la bienveillance de l’opinion populaire. Quoi de mieux alors que de promettre des jeux ? Ou du sport, pour jeter de la poudre aux yeux aux dunkerquois et ainsi masquer le vide. Car oui, la période de Delebarre à la mairie de Dunkerque n’est que du vide. Si la ville est si attractive, pourquoi aurait-elle perdue presque 10 000 habitants en 19 ans 4? Pourquoi les gens ne restent-ils pas ? Parce qu’il n’y a pas de travail pardi ! Avec un taux de chômage à 13% et une haute spécialisation dans la métallurgie, le bassin de l’emploi local est très restrictif.

Mais plus personne n’est dupe aujourd’hui, des voix commencent à s’élever contre le bien fondé de ce projet ARENA. Ce n’est ni pour le simple plaisir de râler, ni pour des vues électorales que nous agissons. Nous voulons nous mobiliser pour l’intérêt général, pas pour l’intérêt privé de quelques uns ou d’une entreprise comme VINCI qui se remplit déjà assez les poches sur le dos des contribuables.

D’autres priorités sont à privilégier, la santé (le CHD n’aura t-il pas besoin d’une injection massive d’argent ?), le logement (mettre aux normes énergétiques les logements ne serait-il pas une source d’emploi importante ?), l’éducation et la formation. Il faut aussi faire en sorte de rendre notre centre-ville plus attractif. Nous savons tous comment les commerçants du centre de Calais ont souffert de l’ouverture de Cité Europe, et nous ne voulons pas cela pour Dunkerque.

Les territoires qui résistent à la crise sont ceux qui investissent massivement dans leurs secteurs publics (Suède, Danemark, etc), pas ceux qui créent du vent en proposant des Grands Projets Inutiles, et veulent cacher la dure réalité de la crise à coups de strass et de paillettes.

Résistons et mobilisons nous pour secouer ceux qui se trouvent depuis trop longtemps à la tête de la CUD et sont coupés des réalités des habitants de la ville.

Montrons que les citoyens dunkerquois sont soucieux de leur avenir, et celui de leurs enfants.

Faisons en sorte que le projet de l’ARENA devienne un Notre-Dame-des-Flandres.

Guillaume Iraultza – Indigné dunkerquois

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4Selon l’INSEE, la CUD serait passée d’une population de 209 950 habitants en 1990 à 198 748 habitants en 2009.

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Hugo Chavez, anti-impérialiste, socialiste et latino-américain immortel

Carles Muntaner, Joan Benach,  Publico.es, 6 mars 2013

La mort d’Hugo Chavez a rempli de tristesse des millions de travailleurs ainsi que les classes populaires du monde entier. Elle a aussi créer chez les riches et les puissants du capitalisme en crise une vague de réjouissance. Malgré les millions de dollars destinés à écarter Chavez du pouvoir, le leader vénézuélien a réussi à améliorer les conditions de vie de son peuple et à transformer l’horizon politique de l’Amérique Latine en incarnant un tournant politique à gauche.

Au niveau économique, Chavez a obtenu une plus grande égalité en augmentant le salaire minimum, les pensions, et la rémunération du travail domestique, tout cela ayant eu comme résultat une notable réduction de la pauvreté et de l’inégalité de revenus. Malgré les contradictions que suppose le développement de la consommation des classes moyennes (par exemple, l’inspiration de chacun à posséder une voiture), Chavez proposa des alternatives socialistes qui ont été plus loin que la social-démocratie européenne. Nous trouvons alors au Venezuela des zones non capitalistes, des « entreprises de production sociale », de la cogestion et des coopératives, ainsi que plusieurs entreprises nationalisées.

Au niveau politique, Chavez a réussi à regrouper les groupes nationalistes et socialistes dans le Parti Socialiste Uni du Vénézuela (PSUV), et à maintenir un équilibre qui l’a amené à gagner plus de dix élections. Ses programmes sociaux, les fameuses  »Missions », ont apporté une attention particulière aux collines de Caracas et à la majorité de la population. La Mission Mercal a permis que les travailleurs accèdent à une alimentation de meilleure qualité, malgré les manques qui existent encore. Les classes sociales les plus exploitées ont eu un accès à l’éducation […] Les Conseils Communaux ont permis que les communautés affectés aient un contrôle direct sur la gestion des services sociaux parmi lesquels on trouve la santé publique, l’eau, la propriété, l’éducation, le sport, la prévention des risques pour la santé, et le logement Il est certain que des erreurs de planification ont été commises, mais aussi d’autres de nature différente. Mais, même avec des problèmes de planification urbaine, il est impossible de comparer le bien être apporté par un appartement meublé avec un ranch dans les collines. La corruption de l’entreprise étatique PDVSA s’est réduite. Le système judiciaire et la criminalité à Caracas ont continué d’être néanmoins très élevées. Peut-être cela est-il dû à l’aversion que Chavez avait de la répression étatique.

Au niveau culturel, Chavez a eu l’audace de rompre les barrières que le classicisme universitaire est entrain d’imposer à chaque fois avec plus de vigueur dans les pays du Nord. Le mal nommé  »populiste » ne l’était pas vraiment. Il conjuguait l’astuce d’un Fidel avec le romantisme du Che, ce qui le fera passer dans l’histoire des latino-américains immortels à côté d’Allende, de Neruda, Guevara, Marti et bien d’autres encore […] Il semblait être un homme plus cérébral, conscient et réfléchi que son image publique, et depuis toujours très courageux. Sa capacité de communication avec son peuple, les travailleurs du Venezuela, et par extension ceux de l’Amérique latine et du monde entier n’avait pas de comparaison. Il pouvait parler de Meszaros, Marx, Chomsky avec le même manque de prétention, de simplicité et de clarté que s’il parlait de baseball ou s’il chantait une chanson. Sans aucun effort, il cassait les barrières de l’élitisme de la classe moyenne-haute qui a fait de la culture un bien marchant à la portée de quelques-uns ayant un niveau d’études universitaires élevé. Il n’y avait chez lui pas un iota de complexité d’infériorité néo-colonial, d’admiration pour la culture anglo-saxonne, ou d’identification avec l’oppresseur. Cela lui importait peu de savoir ce que les impérialistes du nord pensaient de lui. C’était une des raisons pour laquelle les médias l’ont attaqué sans pitié et avec une ferveur frénétique.

Les spéculations sur le futur de la Révolution Bolivarienne, au moins celles faites au nord du Rio Grande sous-estiment le changement obtenu par Chavez. Au jour d’aujourd’hui il y a une intégration Latino-américaine en route. Le peuple Vénézuélien, « Chavez est le peuple », est conscient de ses droits constitutionnels et, est prêt à les défendre. Malgré le sectarisme, de la Bolibourgeoisie, des militaires de droites, de la Table de l’Unité Démocratique (MUD) et les interférences étrangères, il leur sera extrêmement difficile qu’ils réussissent à obtenir du peuple un pas en arrière surtout si les travailleurs et une partie de la classe moyenne s’y opposent.

La gauche timorée du Nord devrait apprendre beaucoup de lui, de son courage et de son aveuglante détermination à changer le cours de l’histoire. Il a refusé de suivre le scénario que le néolibéralisme impérialiste lui avait écrit. Il s’est pris pour l’héritier de Bolivar, il a fait en sorte que nous le croyons, et il a terminé par le devenir. Pour éviter la destruction de la planète, il manquera beaucoup de Chavez et beaucoup de peuples Bolivariens.

¡Uh Ah, Chavez no se va!

Traduction :Guillaume Jacquemart

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Un projet socioprofessionnel et thérapeutique à El Alto

El Alto est une ville située au-dessus de La Paz, à 4100 mètres d’altitude. Fondée dans les années 1990’s, cette ville s’est créée suite à l’exode rural, provoqué par une grande sécheresse et par la fermeture de plusieurs exploitations minières de la région. Les populations migrantes venaient chercher du travail dans les usines de La Paz, et s’installèrent aux alentours de la ville. La croissance démographique annuelle de El Alto s’élève à 10%. L’arrivée en masse de populations migrantes a provoqué une organisation anarchique de la ville et aujourd’hui encore, les infrastructures ne peuvent pas répondre aux différents besoins de la population.  Face à cette réalité, de nombreux projets de solidarité internationale se sont développés dans la ville, essayant de faire face aux problèmes de violence, de santé ou de pauvreté.

L’un d’eux est le projet l’organisation Enda Bolivia El Alto, qui s’articule autour d’un centre d’accueil thérapeutique pour filles de la rue, d’un projet de thérapie de groupe en collaboration avec des collèges, d’un centre d’accueil thérapeutique pour les filles victimes de violences, et enfin d’un projet de formation professionnelle avec des femmes et les filles du projet en processus d’indépendance. Enda Bolivia El Alto est le seul centre thérapeutique résidentiel en Bolivie qui existe pour les filles mineures (de moins de 18 ans). Il n’en existe pas d’autre, que ce soit dans le secteur privé ou public.

Les patientes sont accueillies de manière résidentielle pendant au moins 3 mois dans l’un des deux centres, en fonction de leur vécu et de leur problème. Enda travaille en collaboration avec la Police des Mineurs de Bolivie, qui amène certaines victimes au centre. D’autres viennent d’elles-mêmes ou sont accompagnées par des voisins ou instituteurs. Une fois la thérapie réalisée, elles sont accueillies dans des orphelinats pour les plus jeunes, des centres pour jeunes mamans (car certaines d’entre elles sont enceinte ou ont un bébé suite au viol, et l’avortement est puni par la loi en Bolivie) ou bien réintégrées dans leur famille, quand cela est possible. Lorsqu’aucune de ces options n’est envisageable, un processus d’autonomie se fait et Enda soutient la jeune fille jusqu’à ce qu’elle termine ses études, qu’elle ait un logement et un travail.

Ce projet est une organisation à but non lucratif qui existe grâce à des financements de coopération internationale. Cependant, avec la crise internationale, il est de plus en plus difficile de trouver des financements et il devient essentiel pour les ONG de développer leur réseau de soutien. C’est dans ce contexte que l’atelier de formation professionnelle en tissage, couture et artisanat a mis en vente ses produits, afin de pouvoir continuer à financer les activités de l’atelier et du projet. Depuis août 2012, des femmes sans emploi se sont formées en tissage dans l’atelier de Enda, et un projet de création d’emploi est en cours afin de leur offrir un travail à long terme.

C’est dans ce contexte qu’un contact a été établi avec l’entreprise exportatrice Caserita.com, qui pourrait exporter les vêtements et accessoires en alpaga de cet atelier. Des commandes de la boutique en ligne « Caserita.com » seraient un soutien pour le projet mais aussi pour ces femmes qui pourraient avoir une activité rémunérée et voir ainsi leurs conditions de vie s’améliorer, car en Bolivie tout se paye, même l’éducation et la santé.

Si vous le souhaitez, vous pouvez visiter le site web de Enda Bolivia El Alto sur le lien suivant : www.endaelalto.org  ou le site web de Bolivienda des Alpes aux Andes, une association française qui soutient ce projet en réalisant des actions bénévoles en France : www.bolivienda.org

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18 février 2013 · 9:14

Le Carnaval en Bolivie

A l’Est du monde :

A ses origines ancestrales, le Carnaval était une fête célébrée en Egypte, à l’approche du printemps. Les Grecs la célébrèrent sur le modèle de l’Egypte puis les Romains, qui l’amenèrent en Europe Occidentale, comprenant la Péninsule Ibérique. Parallèlement, des nombreuses populations fêtaient chaque année, à leurs manières, la fin de l’hiver et l’arrivée du printemps. Toutes ces fêtes païennes furent ensuite récupérées par la célébration catholique du Carnaval.

Une fois le Catholicisme répandu en Europe, le Carnaval est devenu la fête précédant le Carême, 40 jours durant lesquels on ne pouvait plus manger de viande. En effet, le terme «carnaval» vient du latin «carnelevare», qui signifie «supprimer la viande».

A l’Ouest du monde :

Au XVème siècle, l’Empire Inca se fortifie en Amérique du Sud, plus particulièrement dans la région des Andes. Une des stratégies militaires élaborées pour coloniser les populations étaient de leur « permettre » de continuer à célébrer leurs fêtes traditionnelles. Les Incas avaient ainsi trouvé un moyen pacifique de ruiner les peuples colonisés, car ils dépensaient toutes leurs réserves alimentaires et financières, ce qui les rendait inaptes au combat et à la rébellion. Cela pouvait passer comme une faveur de la part de l’Empire, mais était en réalité une stratégie diplomatique pour rendre dociles les populations colonisées.

Lorsque les espagnols arrivèrent dans la région andine et comprirent l’avantage d’offrir aux populations autochtones le droit de continuer à célébrer leurs festivités traditionnelles, ils firent la même chose avec de nombreuses populations indigènes. Ce ne fut bien sûr pas le cas pour toutes les ethnies car nous savons bien que la plupart d’entre elles ont disparu en Amérique du Sud, mais ce fut le cas la région des Andes, plus particulièrement au Pérou et en Bolivie.

Le carnaval a été implanté en Amérique latine par les colons catholiques, mais lors de cette fête les peuples indigènes et les esclaves avaient le droit de participer aux festivités et de nombreuses expressions artistiques et culturelles ont pu ainsi survivre ou se créer et perdurer jusqu’à nos jours, «grâce» à la liberté d’expression accordée aux minorités lors de cette fête.

En Bolivie :

La Bolivie est le pays d’Amérique latine avec la population indigène la plus importante, plus de 50% de sa population totale. Cependant, bien que certaines traditions purement autochtones aient survécu, le syncrétisme culturel et religieux avec la culture espagnol et européenne reste majoritaire. Ainsi, juste après les fêtes de Noël, arrive le Carnaval. Le plus important est celui de la ville d’Oruro, qui se prépare toute l’année durant afin d’accueillir un défilé extraordinaire, qui dure 48 heures !

On peut observer lors de ce défilé des danses de tout le pays, métisses (comme la Morenada), purement indigènes (comme le Pujllay) ou cowboys (comme la Chacarera). De nombreuses danses étaient à leur origine des critiques du pouvoir ou du colonisateur, comme les Caporales dans les danses afro-boliviennes ou les Cusillos de la danse du Carnaval de La Paz, qui représente un colon espagnol autoritaire. Ce défilé extraordinaire est l’unique activité culturelle qui fait vivre la ville d’Oruro et lui a donné son prestige, avec la reconnaissance  de son Carnaval par l’Unesco comme Patrimoine Immatériel de l’Humanité.

Cependant, n’oublions pas que les espagnols il y a 400 ans eurent l’idée de copier les Incas, en «accordant» aux peuples indigènes et aux esclaves le droit de continuer à réaliser leurs danses traditionnelles lors du Carnaval, ou lors de fêtes catholiques. Ceci dans le but d’appauvrir les minorités, qui dépensaient une partie importante de leur capital pour marquer l’évènement. Ceci était aussi une manière de satisfaire les populations soumises, qui chercheraient moins à se rebeller si on leur faisait ce genre de faveur.

Aujourd’hui, il est moins évident de considérer la célébration des fêtes catholiques comme une stratégie de colonisation et de pouvoir. Cependant, on observe en Bolivie un phénomène curieux : les classes moyennes dépensent des sommes impressionnantes lors de ces festivités, que ce soit en costumes, en alcool ou en organisant une procession religieuse, qui dure un, deux ou trois jours. En effet, certains costumes traditionnels peuvent coûter jusqu’à 5000 dollars américains (en Bolivie on utilise quotidiennement le dollar, ça arrange les multinationales), et ce sont les personnes qui choisissent de défiler pour tel saint ou telle vierge qui paient leur inscription au défilé et leur costume, entre autres dépenses. Des économies de plusieurs années parfois sont dépensées dans un défilé, pour l’honneur de la famille qui participera et démontrera ainsi sa «richesse». Ainsi, l’élite riche ne risque pas de voir la classe moyenne s’enrichir. De plus, les places des spectateurs sont vendues par des multinationales de téléphonie mobile et non par les habitants locaux.

Conclusion :

Nous ne remettons pas ici en cause l’importance du patrimoine culturel d’un pays, sinon la façon dont il est exprimé. En ce qui concerne la Bolivie, l’histoire de cette stratégie de soumission des peuples a aussi permis à certaines expressions culturelles de se créer ou de survivre.

Cependant, il paraît inapproprié que des sommes si importantes d’argent soient gaspillées par les ménages des classes moyennes. Tout l’argent dépensé pour la Vierge de Socavón de la mine d’Oruro pourrait plutôt être utilisé pour payer des études, entretenir les fondations de la maison, ou encore payer des soins médicaux, quand on sait que la santé et l’éducation sont payantes en Bolivie…

Marine Faillettaz, La Paz, Bolivie.

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Dejemos de ser complacientes con los ricos

¿Otra promesa electoral tirada a la basura? El aumento del porcentaje al 75 % sobre los ingresos superiores a 1 millón de euros fue rechazado por el Consejo Institucional. Y pienso que es mucho mejor finalmente. No es que crea que no se deben poner impuestos sobre los ingresos de las familias más acomodadas de Francia, al contrario, pero esta reforma era muy poco equitativa, ya que se basa sobre los ingresos de una persona y no de un hogar.
Por ejemplo, si en una familia, la mujer gana 1.2 millones de euros por año y el hombre no tiene ingresos, la mujer tendrá que pagar un 75% de impuesto. En cambio, en una familia donde la mujer y el hombre ganan cada uno 800.000 euros al año (es decir un ingreso total por año de 1.6 millones de euros) ninguno tendrá que pagar este impuesto ya que sus ingresos individuales no sobrepasan el millón de euros. Podemos ver entonces que el aumento del porcentaje al 75% es un espejismo político.
Es necesario, según yo, que el gobierno proponga otra versión de su ley y respete sus compromisos ante los franceses. Este impuesto debe existir para los hogares de las familias más acomodadas. Los pudientes no tienen que sentirse aún más por encima del común de los mortales, y que por “algunas” razones queden exentos de este impuesto.
Debemos dejar de ser complacientes con ellos. Ayer por la tarde eché una ojeada a un sondeo realizado por M6 para su noticiero en televisión que preguntaba a la gente lo siguiente: ¿El gobierno debe insistir sobre el tema del aumento de porcentaje al 75%? Los resultados sobre un número de 75 000 votantes fueron: 56% dijo no y sólo un 39% respondió sí.
Sin tocar el tema de la metodología de este sondeo, realizado además por M6, estoy desconcertado de ver que los franceses están listos para defender con uñas y dientes a estos (sus) ricos. ¿Será acaso que muestran compasión, imaginándose que si ellos ganaran tanto, no les gustaría pagar un 75% de impuestos? Salvo que nosotros nunca tendremos jamás estos ingresos anuales.
Cuando Philippe Torreton preguntó a Gérard Dépardieu cuando estaba en Bélgica, que si pensaba “que las peticiones de apoyo de los franceses al RSA iban a florecer un poco en la red” me digo que nos hubiésemos podido escapar un poco de eso. Los franceses prefieren poner atención a los inmigrantes, los Roms, los árabes, los negros, que es bien sabido, nos roban nuestro pan y saquean nuestro país.
Es más fácil y además son más accesibles que estos pudientes, quienes se ríen a gusto desde lo alto de sus pedestales, viendo a estos pobres idiotas matándose los unos a los otros, y consumiendo sus productos, sus películas, su música para enriquecerlos aún más.
El mundo funciona al revés y la mayoría aplaude, pidiendo siempre más. El espectáculo de marionetas nos aparta de la realidad y los titiriteros, ellos simplemente se burlan y lo disfrutan.

Guillaume Jacquemart

Traduccion : Natalia Lerin.

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